L'actualité de la crise : BOUCHE BÉE, par François Leclerc

Billet invité.

La mesure est loin d’être prise : réduire la crise financière actuelle à sa dimension purement européenne ou bien même aux péripéties d’un désendettement massif auquel tous les pays développés sont confrontés sans avoir de solution, chacun à leur manière, c’est ne pas voir que la désagrégation de la machine à fabriquer de la dette se poursuit et qu’elle ne pourra pas en tout état de cause retrouver son rendement.

Selon l’OCDE, toutes les grandes puissances économiques sont simultanément en phase de décélération, depuis les États-Unis jusqu’à la Chine et le Brésil, en passant par l’Europe et le Japon. Un tel symptôme ne reflète pas la conséquence d’un désendettement qui n’a qu’à peine commencé, quand c’est encore le cas. Un train peut en cacher un autre…

Dans un contexte déjà marqué par l’émergence de pays désormais devenus de grandes puissances économiques, qui impose de lourdes reconsidérations, le capitalisme financier va devoir trouver un autre modèle ou bien passer la main. Cela fait beaucoup à la fois, si l’on rajoute encore la finitude de la Terre et de ses ressources ainsi que leurs implications.

Dans l’immédiat, les menaces s’accumulent au sein des pays développés qui ont nom récession et déflation, sans que les émergents qui en subissent les contrecoups ne parviennent à surmonter l’essoufflement du modèle de développement qui leur a été assigné. Ils ne sont pas le moteur de la relance comme naïvement espéré : la globalisation, elle aussi, est en crise.

Le système financier est miné en profondeur, sans que l’on puisse, en raison de sa complexité et de son opacité, mesurer la fragilité des engagements enchevêtrés qui le constituent et la solidité des garanties sur lesquelles ils reposent. Le danger systémique qu’il représente est sournois et imprévisible, contre lequel aucune barrière efficace ne peut être dressée.

Faute d’être en mesure de concevoir son dépassement, il est malgré tout tenté de le réparer, quitte à ce que cela prenne beaucoup de temps. Animé par l’espoir qu’en vertu de cycles immanents à l’orage succède le beau temps et que tout redevienne comme avant. Préserver au mieux le système financier, moteur de ce salut à venir, est donc vital.

L’aveuglement avec lequel une stratégie de désendettement qui ne fonctionne pas continue d’être appliquée en Europe n’a pas d’autre origine que l’expression de cette ultime conviction. Avec comme seule inflexion possible de rallonger le processus, au risque d’alourdir encore la peine. Devant un tel phénomène de croyance, comment ne pas rester bouche bée ?

Le Japon s’approche du moment ou ce qui faisait sa force va devenir sa faiblesse : après avoir fait financer sa dette énorme qui atteint 230% de son PIB, par la Banque du Japon, les banques commerciales, assurances et fonds de pension du pays, ses mêmes créanciers vont être pris à revers quand les taux de la dette vont monter et la valeur des titres qu’ils détiennent baisser. Ce moment n’est que retardé en raison du refuge momentané qu’ils présentent aux yeux des investisseurs internationaux, en attendant qu’ils deviennent plus exigeants.

La virulence idéologique de l’opposition républicaine américaine, ainsi que la pusillanimité des démocrates rendent de son côté totalement improbable que le problème posé par la dette américaine soit pris à bras le corps. Toutes les conditions sont réunies pour que la fuite en avant se poursuive jusqu’à quand cela ne sera plus possible, jusqu’au jour où le coût de la dette américaine elle aussi flambera et que la Fed n’y pourra plus rien. La seule stratégie en vigueur est de repousser ce moment le plus possible; en cela, elle n’est pas différente de celles qu’appliquent les japonais et les européens chacun de leur côté.

A l’incertitude que représente le financement futur de la dette s’ajoute une autre interrogation. Le modèle qui repose sur la délocalisation de la production dans les zones à faible coûts salariaux et le maintient d’un niveau élevé de consommation dans celles qui bénéficient des bienfaits de la machine à fabriquer de la dette est en roue libre. Si l’accent est tant mis en Europe sur la diminution du coût du travail, c’est bien qu’il n’est pas pressenti d’autre moteur possible au retour de la croissance, les progrès technologiques ne pouvant y contribuer qu’au profit d’une aggravation d’un désemploi structurel.

Mais l’équation est bancale, car quand bien même elle trouverait sa solution côté production, celle-ci diminuerait de l’autre le pouvoir d’achat de consommateurs aux revenus amoindris et ne pouvant plus compter sur le levier du crédit. Quant à assigner l’export à la production qui en résulterait, cela impliquerait un curieux renversement des flux commerciaux avec les pays émergents, appelés à devenir puissance consommatrice après avoir été productrice. Étrange vision d’une mutation les faisant subitement basculer vers un modèle reposant sur la croissance de leur marché intérieur, alors que tant de freins s’y opposent, où de surcroit la production des uns et des autres pourrait s’écouler !

Vécue comme une nouvelle terre promise par des financiers en mal de terrains de jeux, l’émergence économique de nouvelles puissances mondiales s’accompagne du déclin des anciennes et s’inscrit dans le cadre d’un désordre social grandissant marqué par l’approfondissement d’inégalités structurelles, en dépit de la croissance de couches intermédiaires, que l’on appelle selon une analogie trompeuse moyennes et qui se révèlent très vulnérables aux renversements de tendance.

Quel spectacle !

45 réponses sur “L'actualité de la crise : BOUCHE BÉE, par François Leclerc”

  1. Combien de temps avant que les émergents connaissent une crise du type que nous subissons ?

    Ma fourchette va de zéro à cinq ans. Des bruits de bulle en Chine me sont arrivés aux oreilles. J’ai pu constater le désir frénétique des acteurs du marché financier de faire dans les pays émergents ce qu’ils nous ont fait. Je pense que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Ça devrait aller assez vite pour que ces gens arrivent à leurs fins.

    Quelle est votre fourchette ?

      1. la chine aviat prévu la fin de la croissance facile pour 2015
        bien que pour eux chaque année compte plus qu’ailleurs vu les effets de la course en inertie du paquebot chinois on n’est pas loin du compte
        normalement le plan suivant était le développement du marché interne
        il manque quelques ponts routes et voies ferrées mais c’est essentiellement du à la chute anticipée de l’export et les effets de la crise mondiale
        juste avant le boom des 30 dernières années ( surtout les 15 dernières la chine était quasi médiévale et cela est encore dans toutes les mémoires sauf celles des moins de 25 ans
        ils sauront lacher le maximum de lest pour ne pas perdre le fait pour plus de la moitié d’entre eux d’avoir pu monter en haut du premier escalier
        à la base c’est un peuple d’agriculteurs en sus d’être commerçants et sur ce plan ce sont parmi les meilleurs

        c’est par l’agriculture que le monde va chuter, le grain de mais sera le grain de sable
        c’est aussi par l’agriculture qu’on reconstruira

        occupons nous de nous au lieu d’imaginer ce que ferons ou pas les chinois

      2. Pas tout à fait hors sujet.

        Aujourd’hui la Conseil Constitutionnel statuait sur la QPC du Traité de Stabilité, de Croissance et de Gouvernance économique et financière européenne ou Pacte Budgétaire.

        Un grand pas vers l’austérité qui nous sauvera de nous-mêmes.

        http://fr.news.yahoo.com/d%C3%A9cision-cette-semaine-sur-le-trait%C3%A9-budg%C3%A9taire-europ%C3%A9en-101438832.html

        Décision : une révision constitutionnelle n’est pas nécessaire pour introduire la règle d’or. No comment

        http://www.bfmtv.com/le-conseil-constitutionnel-valide-l-essentiel-actu31740.html

      3. @ rahane 9 août 2012 à 17:08

        ils sauront lâcher le maximum de lest pour ne pas perdre le fait pour plus de la moitié d’entre eux d’avoir pu monter en haut du premier escalier
        à la base c’est un peuple d’agriculteurs en sus d’être commerçants et sur ce plan ce sont parmi les meilleurs

        Les Chinois ont bien d’autres qualités qui existaient aussi chez nous en occident, notamment celle d’être animés d’un esprit capitaliste, c’est-à-dire d’épargne qui est fondamentalement le même que celui de l’écologie. La Chinois sont économes, ils épargnent tant au plan individuel que collectif de sorte qu’ils font croître leur patrimoine, donc leur aptitude à vivre et à survivre.

        http://www.slate.fr/story/49619/ECONOMIE-chine-responsable-crise

        Ces qualités se sont hélas perdues chez nous, avec les générations d’après dernière guerre mondiale. Le temps d’avoir atteint un âge où l’on commence à compter comme producteur de richesse dans l’économie et où l’on commence à influer sur les politiques, soit à partir de l’âge de 20 à 30 ans, cela nous a amené au début des années 70. L’année 68 est une date repère avec son slogan associé « Jouissons sans entrave » qui n’était pas limité, comme certains voudraient maintenant nous le faire croire, qu’aux jouissances attachées au domaine sexuel.

        Parmi ces qualités perdues se trouve l’aptitude à prévoir et à anticiper, grandement fonction de l’expérience acquise et de la prise en compte des expériences douloureuses du passé.

        Cette qualité conduit à intégrer dans son comportement le fait que la vie comporte inévitablement des hauts et des bas. Il est donc sage de ne pas régler son train de vie sur les hauts en étant ensuite contraint de demander secours et assistance lorsque les périodes de vaches maigres arrivent.

        Dans un système fonctionnant à l’image des organismes vivants, comme l’est nécessairement celui de l’espèce humaine, par alternance entre phases de captation et de consommation d’énergie, il faut impérativement que soit prévus des moyens de stockage tampon en mesure d’absorber les irrégularités et les aléas de marche en rapport avec l’importance de la résilience au décrochage , laquelle, en cas d’insuffisance, peut conduire à l’extinction du processus jusqu’alors entretenu. L’extinction du processus de vie, c’est la mort.

        Or, transposé au processus mis en œuvre dans le vivant, le stockage tampon qui confère de la résilience c’est-à-dire une aptitude à survivre et à rebondir, est l’énergie. L’énergie est de fait une aptitude à faire vivre les organismes qui en consomment, qu’ils soient individuels, collectifs ou globaux.

        Un stockage étant une accumulation, trouve son équivalent en économie sous forme d’accumulation de capacité à vivre, que l’on appelle « le capital ». Le mot capital, à juste titre, est en relation avec la notion de vie ou de mort (peine capitale) que l’on retrouve dans l’origine du mot.

        http://www.cnrtl.fr/etymologie/capital

        Le capital en économie, s’obtient en accumulant des économies, c’est-à-dire des excédents du produit du travail, par rapport à ce que coûte et consomme le travail.

        Quand on voit le nouveau gouvernement en France, s’attaquer au capital sous toutes ses formes (y compris les stocks pétroliers, matière première dont nous sommes dépourvus et qui est pourtant essentielle) on peut légitimement penser qu’il n’a rien compris à l’économie et à la vie, alors qu’il est en charge de notre survie.

        Mais qui va donc l’éclairer, alors que c’est lui qui devrait éclairer et guider ses concitoyens ? C’est affligeant et désespérant s’il ne sort pas de l’emprise de ses dogmes anti capitalistes pour chercher à se mettre en phase avec la réalité de la vie.

    1. Je pense que vous vous trompez lourdement quand vous affirmez que ce qui arrive est de la responsabilité de la finance.
      La Dette a servi à maintenir en apparence de vie un capitalisme qui n’arrivait plus à accumuler en produisant des marchandises que les prolétarisés du monde entier ne pouvaient plus, et ne voulaient plus, acheter.
      Bien entendu, les banquiers ont profité de l’occasion qui leur a été offerte de faire du profit mais ce profit est en partie fictif puisque cette gigantesque accumulation ne trouve plus d’emploi.
      L’argent ne peut plus être prété sans prendre le risque de le voir disparaître.
      C’est, quoiqu’en pensent ceux qui tiennent encore les rênes, ce qui va arriver.

    2. Bonsoir,
      une partie de la réponse est là : le baltic dry index s’effondre, traduisant, d’une part la chute des commandes à long terme de matières premières premières par l’industrie, d’autre part la sur-capacité en transport maritime international, d’où l’effondrement du prix du transport des matières premières sèches.
      12 à 15 mois ?

  2. Excellente synthèse de la situation.
    Reste à en tirer la conclusion : le Système est mort, et si l’on en doute encore c’est uniquement parce que la tête du cadavre n’a pas encore heurté le sol, on croit qu’il est en vie parce qu’en apparence il bouge, mais en fait ce n’est rien d’autre que la chute de ce qui est déjà mort. Cela prend un peu de temps car la chose en question est d’une taille assez monstrueuse. Inutile de pleurer car comme disait l’autre, et tant d’autres encore après et jusqu’à aujourd’hui et pour quelques temps encore (illusion quand tu nous tiens…) :  » There is no alternative  »
    Ironie de l’Histoire, ce qu’ils (et elle) n’ont pas compris, ironie de l’Histoire, se résume comme suit :  » There is no alternative … à l’effondrement du Système !  »
    La question n’est pas comment sauver ce qui ne peut l’être (le Système, monstrueux par sa taille … et aussi sur bien d’autres aspects !!!), mais :  » Quels dégats va causer le cadavre dans sa chute et au moment de la prise de conscience qu’il s’agit bien d’un cadavre lorsque la tête rencontrera le sol avec fracas ? « 

  3. Les pauvres comme les riches, les faibles comme les puissants, les moins développés comme les plus développés partagent la même habitude de tout évaluer en argent.

    L’argent est le langage commun à tous pour penser le monde.

    Si on accepte ce point de vue on comprend pourquoi il n’est question que de monnaies, de banques, de budgets, de dettes, de taux d’intérêt, de garanties, de cotations et de taux de change.

    Quand la valeur de l’argent est remise en question tout se trouve remis en question, y compris les pouvoirs politiques les mieux établis (même le pouvoir militaire dépend des sommes d’argent dont il dispose.) Plus rien n’est compréhensible, plus rien ne peut être évalué, plus rien ne peut être décidé.

  4. sommes nous en 1932 ? ou déjà en 1933 : le « fric » ayant remplacé HITLER….les US continuent leurs travail, pénétration accélérée en Afrique, après l’Irak, …aujourd’hui la Syrie, avec l’aide des « démocratie » Arabie saoudite, Qatar….et Hollande reçoit le dictateur du Yémen…déstabiliser, faire monter les intégristes et les montrer du doigt, divertir le citoyen, raconter des histoires, enfumer…
    bref : cela finira mal quand on pense que le surarmement à repris de plus belle !

    1. Tout d’abord un grand merci à François Leclerc pour ses réflexions, billets lucides, implacables.
      Depuis l’avènement de F. Hollande, avez-vous vu un  »changement » dans les lignes éditoriales des divers médias? Non, car ceci favorise les desseins des libéraux du PS.

      Depuis des années, nous sommes dans les stratégies de manipulation des masses de Sylvain Timsit (attribué, à tort à Chomsky) :
      http://www.pressenza.com/npermalink/les-dix-strategies-de-manipulation-de-masses

  5. Merci pour ce constat implacable.

    L’Europe est loin de se réindustrialiser :
    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/20120808trib000713400/la-chine-exporte-pour-la-premiere-fois-du-materiel-tgv-en-europe.html

    Pourquoi a-t-on fait, pour un plat de lentilles, tant de transferts de superbes technologies dont la recherche et le développement avaient pourtant été largement financées par les impôts de citoyens (c’est-à-dire des efforts indirects de tous les Français en ce qui concerne la technologie du TGV et les avions d’Airbus) ? Qui en a bénéficié, à part quelques dirigeants qui ne voient que le profit à court terme ? Si la Chine avait dû elle-même développer de telles techologies en partant de zéro, il lui aurait sans doute fallu plusieurs dizaines d’années et des investissements conséquents.

    Pourquoi ne pas rétablir des règles plus équilibrées entre la Chine et les pays développés ? Pour ne pas fâcher les quelques industries du luxe qui exportent en Chine et qui craignent des mesures de rétorsion ? Rappelons que les maroquiniers de luxe français embauchent en effet dans leurs ateliers, mais embauchent principalement au smic, contrairement à la SNCF ou à Airbus lorsqu’ ils embauchent dans leurs ateliers, et que la « haute technologie » d’un sac-à-main est tout de même moins élaborée et demande moins de recherche que celle d’un TGV ou d’un avion…

    1. @ Emilie 9 août 2012 à 14:05

      Pourquoi a-t-on fait, pour un plat de lentilles, tant de transferts de superbes technologies dont la recherche et le développement avaient pourtant été largement financées par les impôts de citoyens (c’est-à-dire des efforts indirects de tous les Français en ce qui concerne la technologie du TGV et les avions d’Airbus) ?

      N’est-ce pas tout simplement, parce que la vie est faite d’échanges successifs à l’image de toutes les chaînes alimentaires ? Les uns mangeant les autres afin de vivre et survivre au risque de disparaître en cas de déséquilibres non contrôlés et non corrigés. C’est ce que font les humains comme les autres organismes vivants et ça n’est pas nouveau.

      L’Occident a bien siphonné, grâce aux échanges, et depuis belle lurette, une belle brochette de découvertes fondamentales que nous devons à l’Orient et à la Chine lesquelles avaient bien été développées et financées d’une manière ou d’une autre par les peuples de ces pays.
      Ne pensez-vous pas au papier, à l’imprimerie, à la boussole, à la poudre à canon, la porcelaine et bien d’autres ?

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Chine#Sciences_et_inventions

      Sans cela, aurions nous, en Occident, été aussi avancés au point de dépasser à notre tour l’Orient et la Chine pendant plusieurs siècles. Nous assistons à un juste retour de balancier. Le problème est aujourd’hui de tout faire pour éviter un affrontement guerrier, même si les échanges dérivent sur des guerres commerciales, avec des gens qui y laissent leur peau.
      C’est un problème à régler au niveau mondial, alors qu’en Europe seule, nous avons d’extrêmes difficultés à faire progresser les choses dans cette voie. Il faut persévérer et espérer.

      http://www.legrandsoir.info/la-reemergence-de-la-chine-en-tant-que-puissance-mondiale-dissident-voice.html

      1. Jducac qui linke Le Grand Soir, tout est dit, de Jducac et de LGS…
        Ps : alors comme ça ils passent les liens vers LGS ? Tiens donc…
        Re Ps : un tiers du Pib mondial qu’elle pesait encore la Chine ya moins de deux siècles. Z’en sont encore ben loin, mais ça remonte pas à Mathusalem…

  6. Oui quel spectacle lamentable. Bouche bee devant tant d’inaptitude de nos pretendues elites et leur manque de vision…..

  7. La solution est toute trouvée, et notre gouvernement est toujoursà la pointe.

    Il suffit de faire payer les riches (jusque là tout est « normal »), et qui sont les riches ?

    Là encore il fallait y penser, seules nos zélites pouvaient les voir :
    il s’agit des futures-ex classes moyennes. Pourquoi « futures-ex » ? Bonne question …

    1. Oui il a fait une emission droit de reponse dans laquelle Jorion aurait eu son mot a dire ! Merci pour tous Michel Polac.

  8. La grande inconnue dans tout ça c’est de quoi va être fait notre avenir ? J’ai bien peur de le savoir…

  9. Crédit Agricole « le bon sens près de chez vous »
    « Très lourde facture
    Les rumeurs évoquent une recapitalisation préalable de 2 à 2,5 milliards d’euros pour Emporiki, dont les 23 milliards d’euros d’encours de prêts sont inférieurs aux dépôts des clients. Mais l’hémorragie pourrait ne pas s’arrêter là, comme le rappelle ce matin ‘Le Figaro’, en évoquant les quelque 600 millions d’euros de capitaux logés au sein de la filiale, qui seraient abandonnés, tandis que les autorités locales pourraient aussi demander l’abandon d’une partie des 5 milliards d’euros de liquidités engagées dans Emporiki. L’action a rebondi de 35% en bourse sur les 11 dernières séances… » Boursier.com
    Ben voilà , ça se tient Non!!!!!!

    1. Ben ouais ça se tient. C’etait annoncé depuis un moment, p’têt ben six ou huit mois. On laisse tomber la branche pourrie. On solde. Un à deux milliards de refinancements bancaires annuels perdus pour la Grèce.
      Pendant c’temps là ils se débarrassent (à perte) de Cheuvreux et récupèrent un peu d’oseille sur la vente de CLSA… C’est les banques Jivaros, on réduit les « dêtes ».

  10. 5 Ans : singulier anniversaire ce 9 août !
    5 ans depuis qu’ à partir du blog de Paul Jorion ,de F Leclerc ,des coopérants ,
    qu’à partir de celui ,plus récent , d’Olivier Berruyer et de bien d’autres, des idées novatrices sont émises,relayées par nombre de médias…
    Et,in fine,à l’heure qu’il est :
    Le NEANT absolu !!!!!!!!!!!!
    Pas un iota de reprise sérieuse par un responsable (en reste-t-il véritablement ? )
    Les Populations sont matraquées dans l’intox,la désinformation,mais aussi le désarroi et ,pis : le déni de ceux qui « ne savent » pas et/ou ne veulent pas savoir.
    Que peut-il en surgir ?
    J’avance l’idée du mouvement de la grève des Etudiants québécois,renforcés par les Etudiants d’autres Pays,prévue ,paraît-il pour Septembre.
    Alors peut-être et pourquoi pas ,comme en 1968 : Un suivi généralisé par l’action des syndicats européens…(la C.E.S) …
    Dernier espoir.!

  11. Le Grand Deleveraging en cours depuis 5 ans ? Combien de temps encore dans la recherche
    d’ un nouveau Paradigme ? Ou continue l’ Extinction des des Enseignes Lumineuses , l’ effondrement final, Le Desmadre– du neo-liberalisme a l’ agonie.?
    Dans Crise, il y a Kairos, resolution, temps de la Decision

  12. Les problemes de fond, l’epargne accumulee depuis la derniere depression, la dette publique qui compensait cette accumulation et l’effet de levier du credit, empeche toute croissance ulterieure.

    Conclusion : les trois doivent disparaitre. Et le cycle recommencera…

  13. Les réponses de la BCE à la crise sont vraiment surréalistes.
    D’après cet article de « La Tribune », la BCE demanderait une accélération des réformes du marché du travail dans le sens d’une baisse des « coûts » du travail.
    Extrait de l’article : « Dans son bulletin mensuel, la BCE demande aux Etats membres d’aller plus loin dans leurs réformes, notamment celles du marché du travail. Un avant-goût des conditions qui pourrait être réclamé par Francfort en cas d’intervention sur le marché obligatoire. Dans son bulletin mensuel d’août, la BCE appelle à une « réduction notable des coûts salariaux » dans les pays en crise de la zone euro.  »
    Article complet ici :
    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120809trib000713624/la-bce-reclame-l-acceleration-des-reformes-structurelles.html

    Si la BCE avait raison, la Bulgarie serait l’économie la plus solide d’Europe (salaires les plus bas d’Europe), or ce n’est pas franchement le cas…

  14. Il y a quelque chose qui me chagrine aujourd’hui concernant les représentations positives mais de ce fait ambiguës, qui concernent le peuple. Le peuple est au centre, comme l’élève au centre de l’éducation. Le peuple est à la place du patient en psychanalyse, absout de tout, innocent, irresponsable, du moment qu’il évite les bêtises du genre 1789. Il y a deux figures du peuple, l’une négative, l’autre positive.

    La représentation négative de la foule avec lequel il est bien souvent confondu a dessein, est connue, elle est l’opposée de l’individualisme sur le plan structurel et idéologique, et vouée comme telle aux gémonies.

    Mais du côté des représentations positives, d’un côté nous avons d’abord la valorisation du peuple comme souverain de la démocratie, pourvu du bon sens populaire et nécessaire. L’on dit qu’il sait choisir ses représentants etc. Le peuple du côté de le mythologie des institutions, rejoint celui de la mythologie de l’histoire, de la littérature aussi, et d’un certain divertissement. Le peuple sait vivre, on ne s’ennuie pas chez le prolot, et les bourgeois aiment s’y « encanailler ». bref il n’y a de bon bec que de Paris, Prévert, Piaf, etc, etc.

    Il y a de plus à considérer la mythologie marxiste du peuple, vu comme le rédempteur, moteur de l’histoire etc, donc il n’est pas vrai comme le dit Bourdieu que l’arbitraire culturel classe systématiquement la culture populaire en deça de la culture bourgeoise, et la domination symbolique n’est pas claire pour moi. Il y a des bénéfices secondaires à être du « peuple », parce que Marx, parce qu’il est d’une certaine façon valorisé. Et cette valorisation ambiguë, chargée d’un immense passé complexe, à tel point que le peuple c’est l’âme du pays, on le voit chez Tolstoi, Dostoievsky, cette valorisation d’un certain Dasein populaire (passé le spectre des classes dangereuses), fait office d’opium du peuple bis. Je ne sais pas si l’on peut parler de misérabilisme, de dolorisme du peuple. On souffre, et l’on a accès au paradis, ou alors à l’absolution laïque.

    La religion est moins l’opium du peuple que toute cette mythologie infiniment complexe, qui ne dévalorise pas le peuple, mais lui fait jouer un rôle valorisant même s’il est limité politiquement. Il est valorisé par le système des institutions et par la mythologie marxisante, et par un certain dolorisme antédiluvien. Les pauvres ne sont pas par définition, des salauds, Tartuffe le disait déjà. S’il est pauvre, c’est sans doute une honnête pauvreté :

    « Sachez que c’est par là qu’il faut qu’on le révère.
    Sa misère est sans doute une honnête misère ;
    Au-dessus des grandeurs elle doit l’élever,
    Puisqu’enfin de son bien il s’est laissé priver  »

    Donc le peuple est sournoisement enfoncé dans son rôle de spectateur passif, valorisé par un immense fatras d’âme et de morale et de passé aux racines infinies.

    Et comme par définition le peuple est bon, en tant que tel il ne peut qu’élire des gens excellents, donc mes hommages à Mr Hollande. Soit il commet 1789 ce qui était visiblement une grosse bourde, soit il est infiniment bon et ne peut se tromper. C’est le b. a. bas du populisme tel que le peuple le croit lui-même, c’est pourquoi encore (encore ? ) Céline et son anti-humanisme ne sont pas à déconsidérer…. Parfois la louange ne fait que renforcer la non perception des faits…

    Il est peut être bon de réveiller ceux que j’appelle le « peuple », et de le responsabiliser, et de dire que ses choix sont mauvais. il faut briser toute mythologie qui conduit à la passivité. Le peuple qui élit Mr Hollande n’est pas le sauveur, il se trompe. Le « populisme » c’est endormir le peuple dans son propre mythe qui interdit une remise en question….

    1. Notre situation a déjà été comparée sur ce blog à celle de 1789, et je voudrais poursuivre cette comparaison :

      Le problème de l’époque était déjà celui de la dette, contractée en bonne partie pour financer la guerre d’Amérique. Il fallut en gros 17 ans entre l’apparition de cette dette (1780) et sa répudiation des 2/3 (1797). Irons nous,plus vite cette fois-ci ?

      L’appel au peuple (la convocation des États Généraux) fut une tentative pour résoudre ce problème. On sait ce qu’il en advint. N’est-ce pas le souvenir de ces événements qui dissuade nos dirigeants de tenter le moindre référendum ?

    2. Pour poursuivre, je dirai que l’élection démocratique est en totale contradiction avec la représentation commerciale et syndicale de nos jours.

      Le vote suffit à dire que le peuple a choisi, ceci ou celà, par l’intermédiaire de, comme si cette masse était unique, et soutenait les actions du vainqueur du vote. De plus, le vote n’est plus la représentation d’un choix (avec une mise en place législative), mais une option d’opinion, comme pour le référendum européen ou le refus d’un nouveau référendum sur le dernier traité européen.

      Ainsi le vote ne se résume qu’à une représentation des personnes (hauts placés et politiques) qui ont su se positionner politiquement, afin d’arriver et d’être (ré)élu. Ce qui n’est pas la vision idéalisée des débuts des votes (du 19ème siècle), pour qui il y avait plus de place pour un débat d’idée.

      Cette vision uniforme du peuple est en contradiction avec l’économie, et ses segments de populations (qui bien que populaire pour gagner un vote, s’arrête là), qui par des produits (et non des idées) construisent des projets autour de la demande du consommateur afin d’optimiser ses ventes (ou votations sinon).

      Bien que les syndicats ne soient plus représentatifs des travailleurs (comme d’autres partis), ils sont eux-aussi hétéroclites, avec des idées mises plus en avant, lorsque les syndicats sont puissants, il y a plus de revendications et d’amélioration des conditions de travail et de vie, ce qui n’empêche pas une corruption massive (Jimmy Hoffa). Les syndicats comme en France sont cassés, comme dans d’autres pays, mais lorsqu’ils sont présents de nos jours, ils représentent le dernier bastion d’action pour des citoyens.

      C’est la vision du populisme, et de la politique visant à intégrer une seule et même communauté, autour d’un parti, et de l’autre de nombreux segments différents, très actifs pour le commerce, et parfois protecteur quelques fois en avancées sociales comme pour les syndicats.

      La potilique s’est de nos jours renouvelés avec des banquiers à la tête des Etats (Grèce ou Italie), des milliardaires (ancien financier) ou fonctionnement alternativement en mandats privés et publics (parts d’actionnariat restants). C’est une nouvelle vision de la politique, à la fois populiste, et parfois menant vers l’extrême comme en Grèce, un populisme exacerbé donc, une rigueur budgétaire provoquant des licenciements massifs et des baisses drastiques du budget, une demande qui n’est plus en rapport avec le citoyen (sauf promesse comme les habitudes politiques) mais qui est tourné vers (le travail d’origine avec conflits d’intérêts) la finance, les banques ou des choix financiers d’un ou plusieurs marchés ou bourses.

  15. Article cinglant, qui fout un peu les jetons. Merci en tout cas pour la lucidité.

  16. Le danger systémique qu’il représente est sournois et imprévisible, contre lequel aucune barrière efficace ne peut être dressée.

    Au fait, personne n’en a parlé, mais le récent arrêt du Conseil d’État sur la participation aux bénéfices que les bancassurances doivent bel et bien reverser aux emprunteurs sur leurs primes d’assurance-crédit payées entre 96 et 2007 c’est pas quasi systémique le bichit ? Y’aurait 16 milliards à sortir mine de rien (40% des primes ADI versées sur la période et qui ont indûment été reversées en tant que bénéficed tecjniques aux prêteurs – en fait des quasi rétro commissions).
    Z’avez deux ans pour réclamer chers zemprunteurs lésés. Magnez vous. Bravo à Que Choisir kamême, good job, with a little help from papa Conseil d’État…

    1. Le p’tit assurancegate local, qui n’a pas fait grand bruit (lui non plus) en 2007.

      Aller, on a bien linké le billet coubertin d’Attali, on va faire plaisir à UFC -QUE CHOISIR (et aux lecteurs emprunteurs qui ne seraient pas au fait) :

      http://www.quechoisir.org/argent-assurance/banque-credit/communique-assurance-emprunteur-les-assureurs-n-ont-assurement-plus-le-benefice-du-doute-les-16-milliards-indument-verses-aux-banquiers-doivent-etre-rendus-aux-consommateurs

  17. Excellent billet!
    Merci François.
    En pensant aux « banques Jivaros » (copyright vigneron), serait peut être temps d’aller acquérir quelques poupées vaudous à l’effigie de…
    Laissez courir votre imagination.

  18. Constat difficile à partager lorsque: 1)- dans chaque hypermarché , il y a toujours 50 m. de gondoles avec du kit&kat pour animaux  » de compagnie  » dégénérés , incapables de boire 1 bol de lait ( pas du chinois ) sans choper la diarrhée ; 2)- il y a , sur le globe , plus d’obèses que de malnuttris ; 3)- il y a , à Strasbourg , 2 magasins Nespresso où on fait la file ; 4)- le 3 août, il y a eu +/- 800 km. de bouchons sur les autoroutes hexagonales ; 5)- etc.
    La crise , c’est celle des politicards qui se demandent comment ils vont continuer à acheter des voix sans déficit budgétaire annuel et sans la complicité de leurs compères banquiers pour placer leur PQ. souverain dans le  » marché  » , en prélevant au passage de grasse commissions et , aujourd’hui , une superbe marge de 4% au min. ; comme ils ont la main-mise sur la T.V. ( et que peu savent encore lire ) , ils en font tout un fromage , soutenus par les économistes subventionnés . Et n’hésiteront pas à vous ruiner pour se maintenir et conserver leurs privilèges .
    Il est encore temps de se protéger : vider son compte EURO ( en banque ou en assurance ) et les changer contre des biens réels et pérennes .
    Ou bien les virer ( cfr. les Islandais ) .

    1. très juste !

      Pour l’instant tout semble aller bien !
      Les touristes sont présents, les CA sont en hausse après la morosité du printemps 2012.
      La technique du  » ici et maintenant » n’a jamais été autant appliquée, mais la chute sera d’autant plus dure à la rentrée car la réalité ne manquera pas de rattraper l’illusion.
      Quand les vagues de licenciements vont déferler sur nos pays « développés » et que la récession va s’installer pour très longtemps !
      Alors règle d’or ou pas , il sera fini le temps des cerises sur le gâteau, car il n’y aura même plus assez de farine pour faire la pâte….

    2. Il est encore temps de se protéger : vider son compte EURO (en banque ou en assurance) et les changer contre des biens réels et pérennes.

      J’ai mieux que du « réel » ou du « pérenne », vide donc tes comptes à terme, à vue, épargne et tes ass-vie sur mes découverts et OCCC. Juste les intérêts perçus depuis 10 berges, garde le K, ça suffi-ra.

  19. « les menaces s’accumulent au sein des pays développés qui ont nom récession et déflation »

    On pressent la déflation, mais elle n’est pas encore là

  20. Merci François, très clair (quoique décrivant une situation complexe et imprévisible), même pour le béotien économique que je suis. Et très inquiétant, une fois de plus. A ce qu’il semble, notre privilège, en ce début de XXIe siècle, est d’être les acteurs-spectateurs d’une vraie tragédie naissante (on en voit les mécanismes mortifères se mettre en place!). Une vraie tragédie (à la Eschyle), sans ce « deus ex machina » (à la Euripide) que vous identifiez de manière convaincante à la trompeuse (et idéologisée) notion-écran de « cycle économique ».

    But always see the good side of life!!! L’horizon si sombre peut paradoxalement « consoler » certains (dont moi) de la tristesse de ne pas avoir d’enfants à élever, à protéger et à voir grandir …

  21. À Liszt.fr :
    Extraordinaire prêche fortement contradictoire,
    avec des assertions terriblement contestables (notre lot commun, certes),
    mais dont on aimerait (je suis sincère) finalement saisir la « substantifique moelle ».

    À Alessio Moretti :
    J’opine aussi sur l’excellence prose (et depuis longtemps) de F.L.
    Ceci étant, parlons maintenant, et encore plus clairement,
    plutôt de « DIABOLICUS EX MACHINA ».
    Et il ne sort pas d’une boîte, celui-là, ni ne descend d’une machine !
    On l’a bel et bien mis en place, tous pays et tous systèmes confondus.
    On ne le (les ?) désigne pas assez nommément, celui-là (ceux-là).
    Par suite, rdv … Serviteur.

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